Nous ne pensions pas passer par la Bolivie dans le cadre de notre voyage et pourtant, plus nous regardons les choses à faire moins nous ne regrettons notre choix. De plus, les gens sont d'une grande gentillesse.
Nous continuons donc notre périple Bolivien vers La Paz. Après quelques recherches, la capitale la plus haute du monde à 3500 mètres est un point central de nombreuses excursions et pas n'importe lesquelles.

Notre premier choix se porte vers la descente à vélo de la fameuse "route de la mort". Vous savez ces images affolantes sur le web de bus tombant dans le précipice... Heureusement, cette route n'est aujourd'hui que très peu utilisée hormis par les vttistes. Une route secondaire a été construite.
La descente commence à 4700 mètres, il fait froid, nous prenons de la vitesse et testons les vélos avant d'être sur la partie où la route est exposée. 
C'est donc parti pour 3000 mètres de dénivelé négatif, quel plaisir ! La route est magnifique, nous sommes heureux d'être sur nos vélos et de ne pas être dans un bus car vu de la fenêtre cela doit être angoissant. 
Oops, nous croisons une personne allongée sur le bas côté et le visage bien amoché malgré son casque. Laury ralentit, on est proche des 15 km/h ! Et à 15 km/h quand on passe un ruisseau, on tombe dedans :) plus de peur que de mal, on continue. 

A l'arrivée dans la vallée, un espace infirmerie est improvisé, 4 chutes ce jour là mais rien de bien grave. Un repas chaud dans le camping et un moment piscine et bronzage nous attendent, le bonheur ! Attention aux moustiques, nous avons fait l'impasse sur le vaccin contre la fièvre jaune.
 
Le lendemain, nous visitons La Paz et ses boutiques artisanales. Ce même jour, une gigantesque manifestation à lieu avec un défilé de tous les corps d'état bolivien et différentes personnalités politiques. De quoi s'agit-il ? Tout comme les spots publicitaires à la télévision où à la radio, les boliviens demandent le droit à un accès à la mer sur les terres du Chili, le long du Pérou. A priori, c'est bien parti ! En tout cas, leurs manifestations sont belles et festives, les orchestres des cœurs d'état, des écoles, des collèges et des lycées raisonnent dans la ville.

A 18h30 nous avons rendez-vous à notre hôtel avec German Fernandez, un guide indépendant. Notre seconde excursion après quelques jours de réflexion sera à la fois un défit, un dépassement de soi et beaucoup d'adrénaline : l'ascension du Mont Huayna Potosi, un sommet à 6088 mètres d'altitude.
Monter à plus de 6000 mètres entre les arrêtes, les crevasses et les glaciers, waouuuh, à priori c'est faisable même sans expérience d'alpiniste. Nous nous disons que c'est une seule fois dans notre vie que nous aurons une telle opportunité.
German notre guide arrive, il nous paraît être une personne de confiance et surprise, il a étudié la météo, le sommet sera accessible samedi. Nous sommes mercredi, le sommet se fait sur trois jours, nous partons donc demain à 8h ! Pas le temps de cogiter, nous filons au pas de course vers le base camp de La Paz essayer le matériel d'alpinisme. 
Pas de doute, c'est bien un guide de haute montagne, nous n'avions jamais marché aussi vite dans cette ville à 3500 mètres d'altitude. Serait-il entrain de nous tester ?!
Fin de journée, nous partons acheter du chocolat et de l'eau. German s'occupe du reste. 

Jour J, German vient nous chercher et nous prenons la route vers le premier refuge à 4700 mètres d'altitude. La première journée est consacrée à une séance d'initiation sur glacier. On s'est éclatés comme deux enfants, c'était une super expérience. Crampons aux pieds, piolet à la main et on grimpe les parois horizontales du glacier. Et ça tiens bien ! Pas de soucis, crampons et piolets ça accroche.
Nous dormons au refuge à 4700 mètres pour s'acclimater après une bonne soupe et un repas délicieux préparé par German. On avait aussi lu sur les commentaires qu'il était un excellent cuisinier. D'ailleurs au bout de 5 mois de voyage et de régime, on l'avait choisi que pour ça ;)
Deuxième jour, nos sacs sont chargés de tout notre équipement, affaires chaudes, nourriture, équipements de montagne, ils pèsent lourds. Petite journée, nous partons pour deux à trois heures de marche pour rejoindre le second refuge à 5100 mètres. C'est dur, les pas sont lents, le manque d'oxygène se fait déjà sentir, nous sommes dans le brouillard et il neige. 
Au bout d'une heure et vingt minute la fatigue se fait sentir, et un énorme sentiment de soulagement, de satisfaction et de réconfort vient à nous lorsque German nous informe que le refuge n'est plus qu'à 5 minutes.

A nouveau, un bon repas et nous allons nous coucher. Il est 14h, nous mangerons le repas du soir à 17h30 et il faut profiter de chaque minute pour se reposer. Nous partirons à 1h cette nuit. Nous sommes à 300 mètres au dessus du mont blanc, à cette altitude, impossible de dormir, Laury a une sensation d'étouffement, je tourne en rond et je suis jaloux des personnes qui ronflent dans le dortoir.

Il est minuit, les réveils sonnent et s'éteignent aussi vite, pas de doute nous ne sommes pas seuls à ne pas avoir dormis. Un cachet d'aspirine, un mate de coca (thé aromatisé a la feuille de coca) bien utile contre le mal d'altitude en complément des feuilles de coca et c'est parti.
Les crampons aux pieds, les frontales zigzag sur les pentes enneigées, les cordées se suivent, nous découvrons l'univers si rare et mystérieux de la haute montagne et de l'alpinisme. Nous souffrons, c'est dur, nos corps réagissent différemment avec la pression, les organes gonflent, Laury le ressent sur la vessie, moi sur l'estomac et surtout nos pas sont de plus en plus lent. 
A 5700 mètres nous savions qu'une importe difficulté arrivait, un mur de glace de 30 mètres à grimper. Laury est épuisée à ce moment, à tour de rôle nous aurons des moments de grosses fatiguent et de froid. 
On a réussi, Laury est congelée, German lui donne sa paire de gant en laine de Lama, cela sauvera son ascension.
Cette difficulté est passée, il ne reste "plus que" 400 mètres d'ascension. Il est 3h30 et c'est interminable, sûrement lié à la vitesse de nos pas. Laury repense au personne que l'on a croisées la veille et qui nous ont dit "fucking hard" ou "good luck", à cette altitude déjà 5 personnes sur 15 ont abandonnées par fatigue essentiellement ou lié au mal de tête.
Il n'y aura finalement "que" 5 personnes qui n'arriveront pas au sommet ce jour là, il est 5h30, nous apercevons l'arrête finale, nous dépassons les 6000 mètres d'altitude. Encore 20 minutes de marche sur cette arrête, la motivation, ce sentiment de dépassement de soi et cette satisfaction font que l'on est en forme. Et on a pas le choix, nous marchons sur une arrête de 20 centimètres, de chaque côté, un vide vertigineux. La luminosité du jour se lève, qu'elle sensation extraordinaire.
Nous y sommes... nous y sommes arrivés... nous avons fait un sommet à plus de 6000 mètres d'altitude, les larmes de satisfaction sur certain visage, les félicitations de tous les guides qui étaient présents, et ces centaines de merci à German qui à su nous amener jusqu'au bout.
Nous immortalisons ce moment qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.

Deux heures de descente, passage à nouveau de l'arrête, nous découvrons le paysage que nous n'avions pas pu voir de nuit avec nos frontales, les crevasses s'enchaînent, toutes plus profondes les unes que les autres, époustouflant. 

De retour au refuge, je me souviendrai de cette image, une japonaise et Laury assises face à face, les mains dans les mains et ces visages de larmes de fierté...  Nous quitterons La Paz avec ce sentiment.

Je voulais ajouter une petite note parce que j'y ai pensé toute la montée. A toutes ces personnes qui sont asthmatiques et qui connaissent cette sensation de manque d'oxygène, la nécessité d'une bouffée d'air et qui se demande comment nos poumons, nos bronches, notre corps vont-ils réagir face à une telle ascension. Je ne leur dirais qu'une seule chose et je l'ai vécu comme cela, il est bien plus facile de marcher et respirer à 6000 mètres d'altitude que de courir à Paris en plein pic de pollution.